J.J. Cale est l'artisan du "Tulsa Sound", un mélange décontracté de rock 'n' roll, de country, de folk, de blues et de jazz. Il doit à son jeu de guitare et à son style d'écriture d'avoir eu un large impact dans le monde de la rock music, bien au-delà de ses propres disques.
Largement admiré et imité par ses pairs, ses chansons ont été reprises par un nombre incalculable d'artistes, parmi lesquels Johnny Cash, Bryan Ferry, Captain Beefheart, Deep Purple, Poco, Dr. Hook, Kansas, les Allman Brothers, le Band, Waylon Jennings, Lynyrd Skynyrd, Jose Feliciano, Chet Atkins, John Mayall, Freddie King et Santana.
John Junior Cale est né le 5 décembre 1938 à Oklahoma City, mais c'est à Tulsa qu'il a grandi et passé une grande partie de sa vie. Il apprend la guitare à l'âge de dix ans et ses premières influences sont le rockabilly et le blues.
Il apprécie tout particulièrement des gens comme Clarence Brown, Billy Butler, Chet Atkins, Les Paul et Chuck Berry.
A 17 ans, il commence à jouer dans le circuit des clubs, d'abord avec Gene Cross & The Rockets, avant de monter son premier groupe, Johnny Cale & The Valentines.
A cette époque, sur la scène musicale de Tulsa, il côtoie le guitariste David Gates (le futur fondateur de Bread), le bassiste Carl Radle et le pianiste Hank Wilson, qui changera bientôt de nom pour devenir Leon Russell.
A Tulsa, au début des années 60, la musique ne nourrit pas son homme et, comme beaucoup d'autres, John Junior Cale doit travailler à côté : il est successivement cuisinier dans une buvette, plongeur dans un restaurant, garçon d'ascenseur et ouvrier dans une forge.
En 1964, il part pour Los Angeles où il rejoint deux de ses copains de Tulsa déjà bien installés dans la rock-music : le bassiste Carl Radle et le pianiste Leon Russell.
C'est grâce à eux qu'il rencontre le producteur Snuff Garrett qui lui propose une place de technicien dans le studio Amigo, qu'il vient tout juste de construire. Il y travaillera jusqu'à la fin des années 60, surtout pour Liberty Records, profitant de ses loisirs pour enregistrer des maquettes de ses propres compositions, d'abord des instrumentaux.
En même temps, il se produit régulièrement en compagnie de Billy Lee Riley au Whisky A Go Go, les jours de relâche de Johnny Rivers. C'est le patron de ce club, Elmer Valentine, qui suggère à John Junior Cale de modifier son nom en J.J. Cale.
Grâce à Snuff Garrett, J.J. Cale enregistre deux 45-tours qui paraissent sur Liberty Records. Le premier, en 1965, n'est autre que la version originale de "After midnight". Le second date de 1966 et réunit "Outside looking in" et "In our time". Ce sont deux disques qui, dans un premier temps, passent complètement inaperçus.
J.J. Cale forme alors les Leathercoated Minds, avec qui il enregistre l'album
"Take A Trip Down The Sunset Trip" en 1966. Cet album de reprises psychédéliques paraît sur Viva Records aux Etats-Unis et sur Fontana en Angleterre.
Outre quatre compositions originales de J.J. Cale, on y trouve des versions de "Mr. Tambourine man", "Psychotic reaction", "Sunshine superman", "Over under sideways down" et "Along comes Mary".
Ce disque, réalisé dans un style déjà bien défini et personnel, montre aussi tout l'intérêt de J.J. Cale pour le côté expérimental de la musique et des techniques d'enregistrement.
Cette vision des choses restera une constante dans toute sa carrière : il est en effet un des rares artistes à savoir concilier la tradition et les technologies les plus modernes.
Entre New York et Los Angeles, J.J. Cale produit entre autres Bryan Hyland et le groupe Blue Cheer. Il fait ensuite un court passage à Nashville où il accompagne Red Sovine et Little Jimmy Dickens, tout en essayant de placer ses chansons. Puis il retourne à Tulsa en décembre 67, où il renoue avec l'emploi du temps qui était le sien avant son départ pour la Côte Ouest, c'est-à-dire quelques contrats à droite et à gauche lorsqu'il a besoin d'argent.
Cette vie organisée autour du farniente est subitement bousculée en 1970 lorsque Eric Clapton reprend "After midnight" sur son premier album solo.
Grâce à Eric Clapton, "After midnight" est N°18 dans les hits-parades américains en décembre 1970. Les droits d'auteur que J.J. Cale touche à cette occasion lui permettent de s'acheter une Chevrolet.
Son ami et manager Audie Ashworth le pousse alors à enregistrer un premier album. Seul tout d'abord, Jay-Jay réalise douze titres avant de faire appel, pour les enrichir, à d'autres musiciens comme Tim Drummond, Bob Wilson, David Briggs, Mac Gayden et Carl Radle.
Le bassiste Carl Radle, déjà à l'origine de la reprise de "After midnight" par Clapton, permet à J.J. Cale de signer avec Shelter Records, le tout nouveau label créé à Hollywood par Leon Russell et Denny Cordell.
Le 5 juillet 1971, un premier single paraît sur Shelter Records : sur la face A, on trouve "Magnolia", et sur la face B, "Crazy mama".
J.J. Cale a déjà 33 ans lorsqu'il publie son premier album,
"Naturally", en 1972. Il a été produit par son ami et manager Audie Ashworth. Il impose le style définitif de J.J. Cale : une musique simple, soulignée par une ligne de guitare très fluide et par une voix enfumée.
Son attitude nonchalante, voire paresseuse, aboutit à créer une musique simple et pure, élégante et raffinée. On qualifie ce style de "laid-back", une expression anglaise que l'on peut traduire par relax ou décontracté.
Fort de l'intérêt qu'il suscite, J.J. Cale entrevoit le vedettariat, mais il s'y refuse. Après la sortie de son premier album, il tourne avec le groupe Traffic, mais dès qu'il le peut, il rentre à Tulsa pour retrouver ses racines, sa tranquillité.
Le succès le met mal à l'aise : il refuse d'apparaître sur les pochettes de ses disques, sauf de temps en temps au verso, sur des petites photos où son visage est en partie dissimulé par des lunettes noires ou par une guitare...(a suivre)