John Fogerty est né le 28 mai 1945 à Berkeley. A quatorze ans, il pratique la guitare, l’orgue, le piano, le dobro, le saxophone ténor, l’harmonica et la batterie, autant d’instruments dont il a appris à jouer tout seul en écoutant la radio.
En 1959, au lycée, il rencontre le batteur Doug Clifford et le bassiste Stu Cook. C'est à l'occasion d'une fête scolaire que le trio fait sa première apparition publique
John Fogerty, Stu Cook et Doug Clifford sont bientôt rejoints par Tom Fogerty, le frère aîné de John. A la sortie du lycée, Stu et Doug entrent à l’université de San José tandis que les frères Fogerty vivent de petits boulots.
Pour sa part, John travaille chez Fantasy Records, un label installé à Berkeley. Il en profite pour tenter de placer quelques-unes des chansons du groupe et il y réussit. C’est ainsi qu’en 1964, les Blue Velvets gravent un premier single, avant de changer de nom une première fois en "Golliwogs".
De 1965 à 1967, les Golliwogs enregistrent sept singles. En octobre 67, Saul Zaentz, jusqu’alors directeur commercial du label, rachète Fantasy Records.
Depuis longtemps, il a deviné le potentiel commercial des Golliwogs. Il les aide à acheter du matériel convenable et surtout, il donne carte blanche à celui qu’il considère comme le leader naturel du groupe, John Fogerty.
Par la même occasion, les Golliwogs se trouvent un nom plus en harmonie avec la scène californienne de l’époque : à côté du Jefferson Airplane, du Grateful Dead et de Moby Grape, il y aura désormais Creedence Clearwater Revival.
Paru en novembre 67, "Porterville", le dernier 45-tours des Golliwogs, est très vite recrédité à Creedence...
Après s'être appelés The Blue Velvets puis The Golliwogs, John Fogerty, son frère Tom, Stu Cook et Doug Clifford se sont rebaptisés Creedence Clearwater Revival, un nom bien compliqué qui va pourtant leur ouvrir les portes du succès.
L’album
“Creedence Clearwater Revival” paraît fin mai 1968. Il est chanté, arrangé et produit par John Fogerty qui, en plus, signe la majeure partie des titres qu’on y trouve.
C’est pourtant une reprise qui est choisie comme single, celle du “Suzie Q” de Dale Hawkins. Le titre qui fait 8 minutes et 34 secondes est réparti sur les deux faces du 45-tours et il atteint la 11ème place du hit-parade américain.
Creedence s’embarque alors pour une première tournée nationale où le public découvre un groupe parfaitement en place, rodé par ses dix années de scène dans la région de San Francisco.
Le deuxième album de Creedence Clearwater Revival,
“Bayou Country”, sort en janvier 69. Il propose six compositions de John Fogerty et une reprise de “Good Golly Miss Molly”, le classique de Little Richard.
Un seul single en est extrait, “Proud Mary”, couplé à “Born on the bayou”. “Proud Mary” est un succès mondial. Pour Bob Dylan, c'est la plus belle chanson de l'année 69.
Creedence Clearwater Revival est le meilleur exemple d'une synthèse réussie entre le rock et le country blues, une synthèse si authentique qu’au début de leur carrière, de nombreux journaux n’ont pas hésité à affirmer que les quatre musiciens étaient originaires de Louisiane.
En fait, Creedence est un pur produit de la baie de San Francisco et leur musique résulte de l’écoute intensive des grands bluesmen du Delta, des pionniers du rock, ainsi que des grands noms du country & western.
"Proud Mary" et "Born on the bayou" sont dus à la plume géniale de John Fogerty, ainsi qu’à son imagination fertile. Ils constituent un véritable tour de force pour quelqu’un qui n’est jamais allé dans le Mississippi et qui ne connaît pas encore les bayous de Louisiane.
Un autre album,
“Green River” paraît déjà en août 69. C'est un nouvel exemple parfait de cette "swamp music" que joue Creedence Clearwater Revival. Le titre générique est un tube, tout comme “Bad moon rising” quelques semaines plus tard.
Nous sommes à la fin des Sixties, et alors que tous les groupes composent des concept-albums sur le modèle du “Sergeant Pepper's” des Beatles, Creedence est le seul à aligner sur le vinyle autant de titres que de singles potentiels.
Depuis sa formation officielle en décembre 1967, Creedence Clearwater Revival a accumulé deux albums de platine, un album et quatre singles d’or. Alors que le magazine Rolling Stone les consacre meilleur groupe de l’année 69, novembre voit la sortie de
“Willy & The Poor Boys”, le quatrième album de leur discographie et le troisième pour cette année en tous points exceptionnelle.
“Willy and The Poor Boys” marque une extension des thèmes développés jusque là par John Fogerty. Il se lance dans le commentaire social, évoquant la discorde entre Américains dans “Effigy” ou les pressions politiques et militaires dans “Fortunate son”.
Mais il évite toujours le sensationnel ou le racoleur. C'est ainsi que les sujets “chauds” du rock & roll, comme par exemple le sexe ou la drogue, sont traités de manière indirecte ou voilée.
L'album
"Cosmo's Factory" paraît en juillet 70 au moment où Creedence rentre d’une tournée triomphale en Europe. C’est de loin leur album le plus populaire.
Il contient trois singles qui atteignent tous le Top 5 américain : “Up around the bend”, “Lookin’ out my back door" et "Travelin' band".
On en retiendra aussi la version de onze minutes de “I heard it through the grapevine”, le classique de Marvin Gaye.
Au sein de Creedence Clearwater Revival, John Fogerty cumule toutes les fonctions artistiques puisqu’il compose, produit, chante et joue de la guitare. Il est aussi devenu le manager, le promoteur et le tourneur du groupe. Cette mainmise de John sur l’ensemble des activités de Creedence, mais aussi ses qualités artistiques supérieures, ont fini par reléguer Tom, Doug et Stu au rang de simples accompagnateurs, ce qui engendre aigreur et frustration...
De 1968 à 1970, les cinq albums enregistrés par Creedence Clearwater Revival ont permis au groupe de se forger un succès universel.
Mais cette ascension, qui s'est faite surtout autour du personnage et du talent de John Fogerty, a généré certaines jalousies et rancœurs. A tel point que les tiraillements internes ne tardent pas à se faire sentir dans la musique.
En décembre 1970, leur sixième album,
“Pendulum”, ne leur apporte qu’un seul succès, le 45-tours qui réunit "Hey tonight" et "Have you ever seen the rain".
En février 1971, Tom Fogerty est le premier à quitter Creedence Clearwater Revival. Le groupe continue en trio et visite l’Europe une dernière fois dans le courant de l’automne.
De retour aux Etats-Unis, John tient parole et laisse libre cours à Doug Clifford et Stu Cook. Ils ont ainsi l’occasion de composer une bonne partie des chansons d’un ultime album,
“Mardis Gras”, qui paraît en avril 72. C’est une catastrophe. Sur sa lancée, l’album est malgré tout certifié disque de platine, mais plus personne n’y croit.
Le célèbre critique musical Jon Landau déclare à cette occasion : "C'est le plus mauvais disque que j'ai jamais entendu de la part d'un grand groupe". Même John Fogerty en était conscient...
Lorsque Creedence Clearwater Revival éclate en octobre 1972, le label Fantasy demande à John Fogerty de continuer à enregistrer sous ce nom, mais celui-ci refuse catégoriquement.
Au contraire, il entame un projet solo en se dissimulant sous le pseudonyme d’un groupe,
"The Blue Ridge Rangers”, dont l'album paraît en mai 73 avec un succès beaucoup plus important aux Etats-Unis qu’en Europe.
Cet album d’inspiration country et gospel ne propose que des reprises, notamment celle du classique de Hank Williams, "Jambalaya (on the bayou)", qui est un énorme succès aux Etats-Unis en janvier 1973.