Artiste de la firme Vee-Jay comme John Lee Hooker, Jimmy Reed est également un des chanteurs de blues qui ont réussi à faire le joint entre les publics blancs et noirs.
Apprécié par la génération des jeunes musiciens de blues anglais et les amateurs de blues en général, Reed est l'une des principales influence des Rolling Stones, à leurs débuts, qui reprennent "Honest I Do", et dont leur "Little By Little" est une copie directe de "Shame, Shame, Shame", tandis qu'Elvis Presley amorce son come-back à la fin des sixties avec deux de ses chansons, "Big Boss Man", et "Baby What You Want Me To Do", peu avant brillament reprise par Little Richard en mal de succès...
Mathis James Reed alias Jimmy Reed est également né dans le Mississippi, le 6 septembre 1925. Il est également issu d'une famille nombreuse qui compte 10 enfants. Dans sa jeunesse, il connaît les plantations de coton, sans doute bien nécessaire pour devenir un bluesman authentique.
A cause de la pauvreté des siens, il ne peut passer que 3 ans sur les bancs d'une école. Son voisin et aîné de 2 ans, Eddie Taylor, lui apprends les secrets de la guitare.
A 15 ans, il quitte sa maison pour vivre dans l'indiana. Là il devient tour à tour laboureur et ouvrier dans une fonderie. Beaucoup plus attiré par la musique, il s'éclate en chantant dans la chorale de l'église, et en étudiant ses fameux accords de guitare à l'heure du déjeuner et le soir après le travail.
En 1949, il part pour Chicago où il devient chanteur de rues; puis il se produit dans plusieurs boites, entouré de Big Walter Horton (Harmonica) et Eddie Taylor. N'obtenant pas la renomé qu'il souhaite, il se rend sur la côte Ouest où il enregistre, sans grand succès, ses premiers disques pour Town et Flair Records.
De retour en Indiana, au printemps 1953, Reed a la chance de rencontrer Vivian Carter, une jeune femme disc-jockey, cofondatrice des disques Vee-Jay, qui l'encourage à enregistrer le premier disque de ce label : "High & Lonesome" qui sort pour Noel.
Parmi de nombreuses compagnies discographiques indépendantes qui ont vu le jour au début des années cinquante à Chicago, Vee jay a été la seule capable de concurrencer Chess.
[b]Avec des artistes tels que John Lee Hooker, Memphis Slim, Big Joe Williams, Billy Boy Arnold, Rosco Gordon, Big Jay McNeely, Gene Allison et bien sur Jimmy Reed.on peut même dire que son succès rencontré a été aussi important que celui de Chess où se trouvait Muddy Waters notamment. En outre, et la précision et d'importance, Vee Jay a été le premier label dirigé par des artistes noirs !
Fondé en 1953 par Vivian Carter et Jimmy Bracken (Vee pour Vivian et Jay pour Jimmy), Vee Jay avait la même ambition que la compagnie de Phil et Léonard Chess - à savoir la promotion du blues -, cependant la plupart des grandes compagnies se tournaient vers d'autres genres, et notamment le jazz (comme Columbia).
Le succès, le label de Carter et Bracken n'allait pas tarder à le connaître, puisque "You Don't Have to Go" de Jimmy Reed devait faire une entrée fracassante dans les charts internationaux dès 1953, inaugurant une longue série de hits...
Mais parallèlement à son prestigieux catalogue de blues, Vee Jay avait également cherché à développer d'autres genres : le gospel devait être représenté par les Swan Silverstones et les Staples Singers, le rock'n'roll par Dee Clarket, la chanson commerciale par les Dells et Jerry Butler.
Mais aussi talentueux qu'ils aient été, ces artistes n'étaient tout de même pas en mesure de rivaliser avec les monstres sacrés du blues moderne... Sur le côté, Jimmy Reed partage également régulièrement l'affiche dans les clubs de Chicago avec John Lee Hooker et Albert King...
En 5 ans, de juillet 1957 à mai 1963, il inscrit une douzaine de titres au Hot 100 du Billboard : "Honest I Do" (1957) - "Baby What Do You Want Me To Do" (1960) - "Bright Lights, Big City"/"Big Boss Man" (1961) et "Shame, Shame, Shame" (1964)
Sans compter tous ceux qui passent intensément sur les stations réservés aux noirs "Ain't That Loving You Baby", "You Got Me Dizzy"...
Jimmy Reed, qui à présent se produit aussi bien pour les étudiants californiens de Berkeley que pour les gens de couleur de l'Apollo Theatre à Harlem, sort un excellent 33 tours en public,
"Jimmy Reed At Carnegie Hall"; qu'il faut absolument posséder dans sa discothèque si l'on est un véritable amateur de blues...
Sur scène, il s'accompagne à la guitare et à l'harmonica, à portée de sa bouche grâce à des supports fixés sur ses épaules. Ceci bien avant que Bob Dylan et Donovan en fassent autant. Il est soutenu par un second guitariste en la personne de son vieil ami Eddie Taylor et par le batteur Earl Phillips...
En 1966, Jimmy Reed quitte Vee-Jay en faillite pour Bluesway où il réalise quelques albums de moyenne qualité, à cause surtout de son amour pour le whisky.
Tandis que son ménage s'éfrite, Reed connait la déchéance.Quand on verra en 1968, le créateur de quelques-uns des plus grands morceaux de blues, il ne sera plus que l'ombre de lui-même.
Jimmy Reed qui à souvent répété avoir été influencé par Elmore James et Muddy Waters, meurt en Août 1976, victime d'une attaque d'épilepsie à Oakland en Californie alors qu'il envisageait de revenir sur scène...