Pour garder le contact avec un public avide de chansons rythmées, certains d'entre eux comme Pat Boone commencent à enregistrer des rocks écrits par de jeunes Noirs. En fait, ils vont servir d'intermédiaires, car le public voudra très vite connaître les auteurs des chansons.
Pat Boone enregistrera notamment "Tutti frutti", donnant un sérieux coup de pouce à la carrière de Little Richard, un des personnages les plus extravagants du rock 'n' roll.
De son vrai nom Richard Wayne Penniman, Little Richard est né le 5 décembre 1935 à Macon, en Géorgie, dans une famille qui compte quatorze enfants. Début 1955, il est plongeur dans un restaurant lorsqu'il envoie une maquette à Specialty Records, qui le signe immédiatement. Son premier 45-tours, "Tutti frutti", provoque une véritable sensation.
Voix délirante, provocation sexuelle, texte absurde, rythmique débridée, ton comique, partie de piano boogie-woogie, "Tutti frutti" inaugure une série de tubes nouveaux et sauvages. Les apparitions frénétiques de Little Richard à la télévision, puis au cinéma, sa coiffure style "Pompadour", ses roulements d'yeux soulignés de mascara, son déhanchement et ses hurlements lui valent la célébrité auprès du public blanc.
Après "Tutti frutti", Little Richard enchaine les succès : "Long tall Sally", "Lucille", "Jenny, Jenny", "Keep a knockin'" et "Good golly Miss Molly".
En 1958, au sommet de sa gloire, Little Richard disparaît brusquement pour se consacrer à la vie religieuse. Il devient le révérend Penniman, nouveau ministre de l'Eglise des Adventistes du Septième Jour.
En 1964, il revient au rock 'n' roll avec "Bama lama bama loo". Depuis, il n'a jamais cessé de multiplier les retours, sans jamais perdre de sa crédibilité, ni lasser ses trois générations de fans.
Après trente ans de flirt avec la religion et la drogue, après les scandales en tous genres, Little Richard demeure une attraction hors du commun, capable de remplir les salles comme aux plus beaux jours des années 50.
Charles Edwards Anderson Berry est né le 15 (ou le 18) janvier (ou octobre) 1926 (ou 1931) à Saint Louis dans le Missouri (ou à San José en Californie). Personne n'est d'accord sur le lieu et la date et Chuck Berry ne veut pas trancher. En août 1955, il publie son premier 45-tours, "Maybellene", du nom d'une vache, héroïne d'un conte pour enfants. C'est un succès instantané.
Jusqu'en 1959, il va conforter son statut de légende du rock en plaçant toute une série de titres dans le Top Ten : "School day", "Rock 'n' roll music", "Sweet little sixteen" et "Johnny B. Goode". Il ouvre son propre club à Saint-Louis, le "C.C. Club Band Stand", et apparaît dans quatre films dont "Go Johnny, go" et "Rock rock rock".
Mais la société américaine conservatrice et majoritaire voit en Chuck Berry une autre menace pour sa jeunesse. Comme elle a applaudi au départ d'Elvis pour l'armée, elle parvient à se débarrasser de l'autre roi du rock.
Fin 1959, Chuck Berry est accusé douteusement de détournement de mineure sur la personne d'une employée de son club. Après une longue procédure empreinte de racisme, il est condamné à deux ans de prison qu'il purge au pénitencier fédéral de Terre Haute, dans l'Indiana.
Lorsque Chuck Berry retrouve la liberté, on pense que sa carrière est terminée. Mais dans l'intervalle, les Beach Boys ont transformé son "Sweet little sixteen" en "Surfin' USA". C'est aussi le début de la "British invasion", et tous les groupes anglais ont inscrit un ou plusieurs morceaux de Chuck à leur répertoire. Les Rolling Stones reprennent "Come on" et les Beatles, "Rock 'n' roll music" et "Roll over Beethoven".
Vénéré par une nouvelle génération de rockers, Chuck Berry regagne une audience internationale grâce à trois énormes succès : "Nadine", "You never can tell" et "No particular place to go".
Aujourd'hui encore, il occupe une place unique dans l'histoire du rock 'n' roll, celle du guitariste dragueur, fraudeur, teigneux auquel tout le monde – ou presque – a tout piqué, en particulier trois accords de guitare légendaires.